François Couperin : du clavecin à la viole

« François Couperin avait des dispositions si grandes pour son Art, qu’en peu de temps il devint excellent organiste, et qu’il fut mis en possession de l’Orgue qu’avait eu son père. Pendant plus de trente ans qu’il a eu cet Orgue, il attirait un grand concours de monde, et d’habiles musiciens qui l’écoutaient avec beaucoup de plaisir, et qui admiraient son beau génie, et son heureuse exécution » Evrard Titon du Tillet, Le Parnasse français, 1743

Surnommé aussi « Couperin le Grand » pour le distinguer des autres musiciens et compositeurs de sa famille, François Couperin (1668-1733) est – comme le laisse entendre cet extrait – avant tout organiste, mais ce programme ne s’y consacre pas. Claveciniste virtuose, il publie en 1716 son Art de toucher le clavecin, aujourd’hui encore une source majeure pour l’esthétique baroque française. Au-delà de son génie évident pour la musique pour clavier, ce programme se consacre à un de ses opus plus confidentiels, les Pièces de viole publiées à la fin de sa vie en 1728, et qui figure parmi ses dernières publications connues.

Organisées en deux suites, ces quelques pièces auraient probablement été jouées par Antoine Forqueray, ami du compositeur et violiste virtuose. A l’instar de ses pièces pour clavecin, la première suite est une suite de danses, qui font écho aux premières œuvres du compositeur intégré dans une tradition française, alors que la seconde est composée de quatre pièces de caractère aux titres évocateurs et poétiques (Pompe funèbre, La Chemise blanche) qui alternent mouvements vifs et lents à l’italienne. Ce programme vous propose, à travers les pièces de viole de Couperin et un extrait de son immense œuvre pour clavecin, de découvrir la palette expressive de ce compositeur qu’on ne présente plus. Ces extraits de son œuvre de musique de chambre la plus confidentielle et touchante sont ici le lieu d’un dialogue à voix égales entre deux instruments emblématiques de la littérature musicale française du 18e siècle.